Qui dit nouveau directeur artistique dit, forcément, nouvelle interprétation. Depuis plusieurs mois déjà, la sphère mode prend des airs d’échiquier où les rois et reines (comprenez directeurs artistiques) se font évincer ou décident eux-mêmes de quitter la partie. De Virginie Viard chez Chanel à Dries Van Noten dans sa propre maison, la danse créative semble plus incertaine que jamais.
En mars dernier, c’est Valentino qui était au cœur de ce fameux remue-ménage. Après 25 ans de bons et loyaux services, Pierpaolo Piccioli rendait son tablier laissant à la maison l’immense charge de lui trouver un remplaçant. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, c’est-à-dire en l’espace d’une semaine, Valentino dévoilait son candidat à la direction artistique de la griffe fondée en 1960 : Alessandro Michele.
L’ancien de chez Gucci était, inévitablement, attendu au tournant par l’ensemble des professionnels du secteur. Alors que le géant de la mode italienne avait annoncé l’annulation de ses prochains défilés, il ne lui restait plus qu’un moyen d’action pour calmer la foule : dévoiler sa version de ce que représente Valentino dans une collection Resort.
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L’ode à la beauté de Valentino
Dans cette collection, intitulée très astucieusement « Avants les débuts », le nouveau directeur artistique souhaite transmettre un message important… Lui et « l’orchestre » de son studio sont encore en train d’accorder leurs instruments avant leur défilé de l’automne prochain. Ainsi donc, il ne s’agit que d’un premier essai dont il veut s’abreuver de chaque retour et émotion ressentie.
Profondément respectueux du travail de Mr. Valentino Garavani, Alessandro Michele a décidé de reprendre presque l’intégralité de ses codes. Comme une ode à la beauté des créations Valentino mais tout en ajoutant sa patte, plus moderne et plus audacieuse.
« J’ai accès à des pièces extraordinaires portées par des femmes extraordinaires qui étaient ses amies… Ses créations parlent de lui, de ses obsessions très sophistiquées, de la façon dont une robe est un véhicule pour des vies extraordinaires », précisait-il à WWD.
La femme Valentino par Alessandro Michele
Dès les premières silhouettes, on reconnaît très bien l’essence qui a bercé les débuts du fondateur et surtout son époque. Tout d’abord, beaucoup (voire même énormément) d’élégance. Les coupes sont soignées, les matériaux d’une qualité rare et les tons dans une palette de blanc cassé et de beige qui donnent une allure de mode d’antan. Dans les archives de la maison, Michele reprend également le Rouge Valentino, véritable signature du designer disparu, dans des tops, robes, trenchs et même collants. Il appose ensuite la tendance du romantisme, cher à Garavani, sur de longues robes avec des perles brodées en forme de fleurs pour ne citer qu’elles.
La collection, résolument imprégnée des années 70, nous dévoile la « nouvelle » femme Valentino, tantôt riche héritière qui ne quittera jamais sa coiffe et son sac au V iconique tantôt bohème avec des imprimés colorés.
Mais ce n’est pas tout. Elle se décline aussi en écolière, mania du workwear ou encore femme moderne qui se joue des tendances. Aux côtés des pièces plus classiques, on retrouve donc des motifs à carreaux et pied-de-poule, de l’imprimé léopard, du layering ainsi que du denim. Le tout, toujours accessoirisé de couvre-chefs, sacs et autres bijoux.
L’homme Valentino par Alessandro Michele
Au même titre qu’opposée, l’homme Valentino adule l’élégance et l’art de s’habiller. Jean t-shirt ? Trop peu pour lui. Il préfère mille fois voler dans l’armoire de ses aînés à la recherche de pièces vintage. Dans son saut dans le temps, il trouve un manteau brun imposant, s’apparentant à une cape, un costume vert doté d’une collerette des années 1500 ou encore un look de golfeur qui respire la tendance Old Money.
Dans une version plus moderne, Alessandro Michele revisite le vestiaire masculin au travers de plusieurs indispensables : la casquette, qu’il teinte du rouge de la maison, le trench qui survit de saison en saison, le jean qu’il rend ample et la chemise d’été à laquelle il ajoute nombre de broderies florales.
Valentino par Michele, bon ou mauvais augure ?
Cette collection Resort 2025, signée du nouveau directeur artistique, nous permet enfin de nous faire un avis sur sa nomination. Est-il réellement le futur de Valentino ou aurait-il dû s’arrêter après Gucci ? La réponse est encore difficile à donner mais tend vers le positif.
Les silhouettes sont fidèles à l’ADN d’Alessandro Michele, reprennent les codes de la maison à ravir avec une touche italienne 70’-80’ puissante. C’est, au final, une synergie créative très forte que propose le designer avec énormément d’inspirations différentes : de la femme classique en tailleur à la hippie au bandana, on se retrouve tout d’un coup face à un homme qui porte les crampons ou les mocassins, selon sa convenance.
C’est une assez bonne nouvelle pour Valentino. Leur nouveau directeur semble déborder d’idées pour redynamiser les créations de la griffe et prendre le flambeau après un prédécesseur tout aussi doué.
Il ne reste plus qu’à attendre l’automne pour en voir plus quant au travail d’Alessandro Michele.
