« Un long plan séquence où un flic vient me foutre la pression, et ils se bagarrent dans des poubelles devant les poissonneries. On sentait le poisson pendant 2 – 3 jours “ ! Cette scène est à la fois tragique et comique, c’était absurde ! » Cette réalité, Syrus Shahidi en parle presque nostalgique, avec un sourire aux lèvres. Pour réaliser le film, Julien Paolini a réuni une bande de copains, le flair d’un instinct captivant et dramatique pour un destin hors du commun. Karmapolice, en salle le 17 juillet prochain promet une intrigue profonde et d’actualité. 

Dans les rouages du tournage, des surprises sont au rendez-vous à chaque coin de rue ! Rencontre avec Syrus Shahidi, notre coup de cœur de l’été. 

Sabrina Ouazani : un plan cœur ?

Syrus Shahidi : « Je l’ai rencontrée sur le tournage de Plan Cœur. Nous nous connaissions déjà un peu grâce à des amis en commun, et j’ai tout de suite été frappé par son énergie incroyable. C’est devenu ma sœur à l’écran, et ça l’est aussi dans la vie. Dès que nous nous voyons, nous discutons pendant des heures. Dans Karmapolice, elle joue mon commandant. Elle a une autorité naturelle avec sa voix, c’était une évidence qu’elle prenne ce rôle, et sa présence nous a été d’une grande aide. »

Le Paris de Château Rouge, vous le connaissez bien ?

Syrus Shahidi : « Mon associé, le réalisateur Julien Paolini, a vécu dans ce quartier pendant 15 ans. Je trouve que c’est l’un des derniers vrais quartiers populaires de Paris. Il y a eu quelques quiproquos et des histoires rocambolesques, des situations un peu tendues, mais nous étions protégés par une équipe de sécurité composée de 5-6 vigils. Ce quartier a vraiment une place à part entière, c’est un personnage à lui seul. Pour moi, Château Rouge représente le Paris authentique de mon enfance, un endroit encore préservé du tourisme de masse. »

Si votre personnage dans « Karmapolice » avait un super pouvoir lié au karma, quel serait-il et comment l’utiliserait il pour résoudre des crimes ?

Syrus Shahidi : « Mon personnage, Angelo, est dans une phase sombre et il essaie de se racheter en passant de l’obscurité à la lumière grâce à de bonnes actions. Il rencontre Alexis Manenti, et une affaire très sombre à Château Rouge va occuper beaucoup de place dans l’histoire. Le pouvoir d’Angelo serait de réparer son karma à travers des actes de bonté. Par exemple, aider une dame à porter ses courses jusqu’à son appartement. Il y a une sorte de sororité entre les policiers, ce qui permet de créer des tensions intéressantes. »

Dans quelle scène du film votre personnage aurait-il eu besoin d’un double parce que c’était trop risqué ou trop drôle à jouer ?

Syrus Shahidi : « Il y a un long plan séquence où un flic me met la pression, et nous finissons par nous bagarrer dans des poubelles devant les poissonneries. L’odeur de poisson nous a collé à la peau pendant 2-3 jours, c’était vraiment désagréable ! Cette scène, bien qu’absurde, est à la fois tragique et comique. C’était un véritable défi de la tourner. »

« La loi du karma stipule que pour atteindre la libération, le nirvana, chaque être en souffrance doit revivre sa souffrance jusqu’à trouver la réponse. »

Si votre personnage de « Karmapolice » devait choisir un mantra ou une devise basée sur le karma, laquelle serait-elle et pourquoi ?

Syrus Shahidi : « La loi du karma stipule que pour atteindre la libération, le nirvana, chaque être en souffrance doit revivre sa souffrance jusqu’à trouver la réponse. C’est une notion profonde qui correspond bien au parcours d’Angelo dans le film. »

Avez-vous déjà eu une expérience où le karma vous a semblé jouer un rôle dans votre vie personnelle, en dehors du tournage du film ?

Syrus Shahidi : « Toute ma vie, je crois au karma et à une sorte de juste équilibre. Quand ma vie est trop belle, j’ai toujours peur qu’il y ait un revers de médaille. Je suis quelqu’un de très spirituel et je crois fermement au karma. Tout n’est qu’énergie. Il m’arrive parfois d’ignorer une bonne action, puis de revenir en arrière pour la faire, afin de maintenir cet équilibre karmique. »

Votre propre définition du luxe ?

Syrus Shahidi : « Le luxe, pour moi, ce n’est pas une chambre d’hôtel 5 étoiles ou des dîners dans des restaurants chics. Je suis plutôt attiré par la nature. J’aime bien me lancer des défis en randonnée, souffrir un peu, puis, après une journée d’efforts, retrouver un toit et me reposer. Le luxe, c’est  mériter. J’aime beaucoup les écrits de Sylvain Tesson, qui parle de subvenir à ses besoins quand on en a vraiment besoin. »

Quel est votre plus grand rêve dans le cinéma ?

Syrus Shahidi : « J’aurais aimé pouvoir revenir dans le temps et jouer dans Les Évadés avec Morgan Freeman. C’est un film culte, et j’aurais adoré avoir l’âge qu’il fallait pour participer à cette aventure et devenir ami avec ces légendes du cinéma. »

«  La construction de ma carrière est faite de beaucoup de travail et d’efforts. »

Vos projets actuels ?

Syrus Shahidi : « Je souhaite continuer à travailler sur des projets qui m’animent. Mon but est de faire des rencontres, de vivre des expériences de vie incroyables, et de donner du sens à ce que je fais, pour rendre les gens heureux. »

Si vous deviez jouer votre propre rôle dans un film, quel en serait le titre ?

Syrus Shahidi : « 98 % d’échec. C’est un titre qui reflète bien mon parcours. La construction de ma carrière est faite de beaucoup de travail et d’efforts. Les gens ne voient souvent que la réussite, mais derrière cela, il y a énormément d’échecs en production, en écriture. C’est ce qui fait la beauté du métier. »