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« La slow fashion devrait être la norme », assure Maya Ibrahimi, fondatrice de Jacquie

« La slow fashion devrait être la norme », assure Maya Ibrahimi, fondatrice de Jacquie

Alors que l’industrie du textile cherche, tant bien que mal, à se renouveler, la créatrice Maya Ibrahimi ajoute sa pierre à l’édifice. Pour répondre à l’énorme gaspillage de tissus, sa marque JACQUIE s’axe sur les collections capsules et l’usage de fibres naturelles.

Avec sa marque Jacquie, Maya Ibrahimi passe du projet à la réalité. Forte de son parcours riche et varié, la jeune femme originaire de Casablanca avait un rêve : créer sa propre entreprise. Mais pas n’importe laquelle. Une qui pourrait respecter l’environnement tout en offrant aux clients une solution alternative et qualitative. Retour sur son parcours et sa marque, inspirée par sa grand-mère.

Quelques années auparavant, elle perfectionnait encore son anglais aux États-Unis après l’obtention d’un baccalauréat. En s’exilant à Paris, elle débute des études au sein de l’École Française des Attachés de Presse (EFAP), où elle obtient notamment son diplôme de communication. Son goût du voyage la mène à Sydney, en Australie, mais également à Shanghai, avant qu’elle ne pose ses valises en Italie pour faire son master. Avec de telles expériences, qui lui ont permis de développer sa vision du monde et de se confronter à différentes cultures, elle fait enfin son retour à Casablanca.

Au Maroc, elle découvre le monde de l’industrie textile dans des usines familiales. Pendant deux ans, Maya Ibrahimi travaille dans ces entreprises pour apprendre les rouages du métier. Très vite, elle ouvre les yeux sur l’énorme gaspillage de tissu et l’impact environnemental que cela génère. Celle qui avait un rêve entrepreneurial se donne pour mission de “créer une marque de vêtement à la fois authentique, libre et simplement chic, mais aussi inclusive et écologique”.

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MAYA IBRAHIMI / © YASMINE HATIMI

“Jacquie”, en hommage à sa grand-mère Jacqueline

Lancée en 2023, l’entreprise tire son nom et son inspiration de la grand-mère de Maya Ibrahimi. Elle-même appelée “Maya Jacqueline Ibrahimi” en rappel à son aïeul, elle célèbre son héritage en nommant sa marque Jacquie.

Bien qu’elle n’ait jamais connu sa grand-mère, décédée un an avant sa naissance, la créatrice est bercée par l’image de cette femme tout au long de son enfance : “On m’a décrit Jacqueline comme une femme élégante et raffinée, qui avait un talent inné pour transformer de simples tissus en pièces de mode remarquables”.

“Jacquie représente bien plus qu’une simple marque de mode pour moi. C’est un hommage à une femme exceptionnelle qui a su trouver la beauté dans la simplicité et l’éclat dans la durabilité.”

Son aînée avait une passion pour la mode durable et prenait plaisir à sillonner les friperies et marchés à la recherche de pépites avant même que “cela ne devienne une tendance”.

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© Philippine Antoine / © Yasmine Hatimi

 

Le vestiaire de Jacquie : intemporel et décontracté

Aujourd’hui, Maya Ibrahimi honore la mémoire de sa grand-mère à travers sa marque, incarnant force et indépendance. À l’ère du body positive, Jacquie se libère aussi des diktats de la minceur, en organisant des castings sauvages où les modèles ne répondent pas qu’à un seul critère de beauté.

Dans sa garde-robe, la créatrice met particulièrement en avant la chemise, un incontournable du dressing de l’homme et de la femme : “La chemise incarne l’élégance intemporelle et la polyvalence, offrant une tenue à la fois chic et décontractée, adaptée à toutes les occasions”, explique la créatrice.

Pour Maya Ibrahimi, cet élément permet aussi d’exprimer sa créativité : “Nous aimons jouer avec les coupes, les motifs et les détails pour créer des pièces uniques et originales qui reflètent l’identité de Jacquie. C’est une manière pour nous de proposer des vêtements qui ne se contentent pas de suivre les tendances, mais qui les créent, tout en restant fidèles à nos valeurs d’éthique et de durabilité”.

L’écologie et la durabilité tiennent à cœur à la fondatrice qui limite son impact environnemental en sélectionnant des tissus éthiques et respectueux pour la planète.

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© Philippine Antoine

(Re)donner une nouvelle vie au tissu

Pour éviter le gaspillage de tissus, Jacquie opère sous le système de “drops”, des collections capsules de pièces fonctionnelles et intemporelles. La marque véhicule son engagement écologique à travers le choix de ses matériaux de haute qualité, issus de clients haut de gamme comme l’explique Maya : “La majorité de nos tissus proviennent des usines de textile au Maroc. Nous vérifions toujours la provenance et la composition des tissus, nous assurant qu’ils sont 100% naturels, tels que le coton et le lin”.

Cette minutieuse sélection se fait aussi auprès des usines, choisies en fonction de leur engagement envers la main-d’œuvre et l’environnement. En rachetant ces tissus dormants, la jeune femme leur donne une seconde vie et réduit le gaspillage.

 

L’idée n’est pas seulement de créer une nouvelle tendance, mais plutôt de promouvoir un changement de mentalité dans la manière dont nous consommons la mode”.

 

Si pour elle : “la slow fashion devrait être la norme depuis longtemps”, elle admet que cette idée est davantage démocratisée en Europe qu’au Maroc, où elle est établie.

Toutefois, elle croit fermement en son initiative qui met en avant une consommation réfléchie de la mode. À notre échelle, la créatrice partage plusieurs façons créatives de donner une nouvelle vie à nos pièces, en commençant par transformer nos vêtements : “une chemise peut devenir une jupe ou un blazer oversize”. De la même manière, Maya conseille d’échanger et partager ses pièces avec ses proches pour leur offrir un nouveau départ.

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©Yasmine Hatimi

Parmi les alternatives, la créatrice met spécifiquement l’accent sur les produits durables où la qualité prime sur la quantité : “Optez pour des pièces intemporelles et de qualité qui résistent à l’épreuve du temps. Plutôt que d’acheter des vêtements tendance à usage unique, soutenez les marques engagées dans des pratiques éthiques et durables. En soutenant les jeunes entrepreneurs et les marques locales, vous contribuez à créer un impact positif dans l’industrie de la mode ».

 

“Nous pouvons tous jouer un rôle dans la promotion d’une mode plus éthique et respectueuse de l’environnement, tout en cultivant notre propre style et notre créativité”.

 

Maya Ibrahimi ne souhaite pas apporter de nouveauté à l’industrie mais cherche plutôt à faire évoluer les pratiques, comme elle le déclare : “Je crois que la clé pour une consommation durable de la mode réside dans l’éducation et la sensibilisation des consommateurs, ainsi que dans l’incitation des marques et des entreprises à adopter des pratiques plus responsables. J’espère pouvoir, à mon échelle, faire avancer les choses et sensibiliser davantage à cette approche plus éthique et écologique”.

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